Le super outbreak de 2011

Situation météorologique

Le "super-outbreak" a été provoqué par une puissante dépression d'altitude qui s'est déplacée vers les Plaines du Sud (Texas, Kansas, Oklahoma et certaines parties du Nebraska, du Colorado et du Nouveau-Mexique) le 25 avril. Une dépression extratropicale s'est également développée à l'avant de cette dépression d'altitude et s'est ensuite déplacée vers le nord-est. Les "principaux ingrédients" d'un grand événement météorologique étaient donc réunis. D'une part, de l'air humide et instable a été acheminé vers le nord depuis le golfe du Mexique et, d'autre part, la dépression a provoqué les effets de soulèvement nécessaires et a ainsi servi d'amorce à la formation de supercellules. Derrière le creux, un très fort jet-stream dans les couches moyennes de la troposphère (vitesses de vent entre 150 et 180 km/h) a en outre apporté un fort cisaillement du vent. Les cellules orageuses ont alors commencé à tourner.

Chronologie d'une catastrophe

Dans les jours précédant le déclenchement des intempéries, le Storm Prediction Center (SPC) prévoyait un risque de fortes tempêtes sur plusieurs jours, avec de puissantes tornades et de la grêle en grande quantité. Dans le courant du 25 avril, les premières supercellules se sont formées, produisant en même temps des tornades. Une alerte aux tornades a rapidement été remplacée par une alerte aux tornades de "dangerosité particulière" (particularly dangerous situation). Les États concernés étaient l'Arkansas, le Missouri, l'Oklahoma, le Texas et la Louisiane. La tornade la plus dévastatrice a frappé ce jour-là la ville de Vilonia, où elle a fait quatre morts. Au total, 42 tornades et cinq décès ont été recensés pour le premier jour du super-outbreak.

Le 26 avril, une alerte météorologique de niveau maximal (high risk, niveau 5 sur 5) a été émise pour la même région. Un creux d'altitude à orientation négative (axe de la dépression du nord-ouest au sud-est) a entraîné la formation de deux dépressions au sol. L'une de ces dépressions s'est déplacée vers le nord-est le long du Mississippi jusqu'au Wisconsin, provoquant plusieurs tornades sur son passage. La plupart d'entre elles étaient relativement faibles et ont notamment détruit des bâtiments agricoles, mais n'ont heureusement pas touché de grandes localités. Toutefois, la grêle, qui a atteint jusqu'à 5 centimètres de diamètre, a également causé des dégâts. La deuxième dépression s'est formée plus au sud sur le Texas et a "profité" des conditions atmosphériques plus favorables. Elle a pu s'approfondir davantage et produire diverses tornades. La plus puissante a été classée EF3 et a donc connu des pointes de vent allant jusqu'à 260 km/h. Ce jour-là, malgré 55 tornades, il n'y a heureusement pas eu de décès.

Le pire était à venir

Il en a été tout autrement le lendemain. Le plus grand potentiel d'intempéries s'est déplacé vers l'est par rapport aux deux premiers jours. Après une première série de tornades dans la matinée, des cellules orageuses de plus en plus nombreuses et puissantes se sont formées au cours de l'après-midi. Celles-ci ont marqué le point culminant du super-outbreak. Dans certaines régions, le SPC a émis, en plus du niveau d'alerte le plus élevé pour les intempéries, un risque de tornade extrêmement rare et élevé de 45% dans un rayon de 25 miles – à juste titre. A partir du milieu de l'après-midi, les cellules orageuses ont littéralement explosé. En fin de soirée, 207 tornades avaient été recensées, dont 70 étaient considérées comme fortes (EF2+). Rien que ce jour-là, 316 personnes sont mortes et environ 3000 ont été blessées, parfois gravement. Il convient de mentionner les quatre tornades EF5. Elles ont présenté des pointes de vent d'au moins 320 km/h, certaines étant nettement supérieures. Il n'est cependant pas facile de les déterminer avec précision, car d'une part le champ de vent est très petit et la probabilité d'avoir un instrument de mesure du vent dans cette zone est donc extrêmement faible. D'autre part, la plupart des instruments de mesure seraient de toute façon détruits par de tels vents. Dans de nombreux cas, la vitesse maximale du vent est déduite des dommages causés (et la tornade est donc catégorisée en conséquence). Aujourd'hui, la technique Doppler des radars permet également d'estimer les rafales de vent approximatives.

Le 28 avril, la zone active s'est déplacée plus loin vers la côte est. De la Géorgie au sud jusqu'à la frontière canadienne, d'autres tornades se sont formées. La plupart des 40 tornades étaient plus faibles, mais 3 personnes sont tout de même mortes ce jour-là.

Bilan et classification

Les tornades de l'EF5 sont très rares et ne se produisent statistiquement qu'une fois tous les deux ans. La dernière s'est produite en 2013 à Moore (Oklahoma). Quatre en une seule journée est extrêmement exceptionnel, c'est le deuxième chiffre le plus élevé pour une seule journée après le super-outbreak le plus grave à ce jour, entre le 3 et le 4 avril 1974. A l'époque, sept tornades EF5 avaient même été enregistrées en l'espace de 24 heures.

Au total, 324 personnes ont perdu la vie et plus de 3000 ont été blessées sur l'ensemble de la période. Sur les 362 tornades, 31 ont été mortelles et ont causé des dommages d'un montant de 12 milliards de dollars. A l'exception de l'outbreak de 1936, le nombre de morts sur une période de 24 heures n'a jamais été aussi élevé que le 27 avril 2011. Mais à l'époque, les moyens techniques d'alerte précoce n'étaient pas non plus disponibles. Pendant le super-outbreak de 2011, le délai d'anticipation moyen était d'environ 24 minutes, ce qui a permis de sauver de nombreuses vies. D'ailleurs, la tornade la plus meurtrière au monde a exactement 34 ans aujourd'hui et avait alors fait plus de 1'300 victimes au Bangladesh.

Le mois d'avril 2011 n'a pas seulement été marqué par cet épisode. Au total, 751 tornades ont été recensées sur l'ensemble du mois, dépassant de loin le précédent record de 542 tornades en un mois (mai 2004).